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mardi 25 octobre 2011

Projet pour un nouvelle politique publique culturelle

Voici les propositions que j'avais faite en 2009, lorsque j'étais membre du PG 40, délégué au comité nationale de ce parti et co-responsable de la commission culture en charge du spectacle vivant et qui avaient servi de base de travail pour l'élaboration du projet du Parti de Gauche. 
J'ai pensé que cela pouvait être intéressant dans cette période pré-électorale, ou pour l'instant les enjeux culturels ne font pas encore partie des thèmes majeurs du débat qui s'engage, soit mis en avant. Pourtant en ces temps d'incertitudes et de peurs savamment entretenues, il est essentiel pour l'ensemble de la gauche d'être bien au clair sur le socle culturel commun que nous voulons construire. Car sans socle culturel et politique clair, la victoire de la Gauche risque soit l'échec, soit des désillusions trés rapides. Ces propositions valant à mon sens pour tous les partis de la gauche.


Projet pour une nouvelle politique publique culturelle et d’éducation populaire


Peut on encore parler d’une politique culturelle publique d’état ?


Se poser la question, c’est finalement admettre qu’elle est déficiente voire qu’elle n’existe plus, ou plus exactement qu’elle est en voie de dissolution!
La grave crise sociale de 2003 qu’ont connue nos professions, n’était que le révélateur de la fin d’un cycle initié au lendemain de la guerre avec l’impulsion du Conseil National de la Résistance qui a permis de construire une politique culturelle unique au monde.

S’appuyant sur la décentralisation, sur des réseaux d’éducation populaire, artistiques, d’aides à la création pour le spectacle vivant et le CNC pour le cinéma, aides à l’édition, ont véritablement permis de créer un ensemble cohérent et de trouver de nouveaux publics dans toutes les couches de la société.

Cette dynamique et cette volonté politique et artistique, a fait de notre pays un modèle de société. « La culture n’était pas un produit comme les autres », qui devait subir les seules lois du marché. Ce choix politique dit : « d’exception culturelle » s’inscrivait dans un pacte social politique et culturel.

Ce fut pendant cinquante ans un modèle de société.

Mais depuis dix ans le modèle sous les coups de boutoir d’une idéologie néo-libérale et les différents relais dans la société s’est érodé. La machine s’essouffle et se trouve livrée à elle-même.

Les dernières campagnes pour l’élection présidentielle et Européennes montrent à quel point la culture ne fait plus partie des priorités ou en tout cas d’un axe constitutif d’un projet de société.

Cet état de fait pourrait apparaître aux yeux de certains comme logique dans la manière d’aborder le monde.
A droite en tout cas, l’U.M.P, « héritier » ( ?!) du parti Gaulliste semble avoir rangé au cabinet des curiosités cet héritage issu de la fin de la guerre et de la période Malraux. Il suffit pour cela de lire le programme du candidat Sarkozy.

Mais à gauche le constat n’est guère plus brillant. Hormis le Parti Communiste et maintenant le Parti de Gauche qui semblent encore considéré, à juste titre, qu’un projet de société de gauche ne peut faire abstraction d’une véritable politique publique culturelle qui s’inscrirait dans un ensemble cohérent de justice sociale et d’émancipation des citoyens.

La candidate du Parti Socialiste à la présidentielle ne s’était pas beaucoup exprimée sur le sujet. Elle reliait ça la plupart du temps à l’éducation artistique en milieu scolaire, tout comme l’U.M.P d’ailleurs !
Le Parti Socialiste semble ses derniers temps bien loin de ces préoccupations. Où plus exactement son projet manque de cohérence et de clarté idéologique et donc culturelle.
Les incantations et les bons sentiments ne font pas une politique !

On assiste de fait à la casse du pacte social issue de 1945 et du CNR !

L’ère du vide à gauche en Europe

Les dernières « péripéties » de la gauche social démocrate européenne et  les circonvolutions sémantiques de la nouvelle direction du Parti Socialiste n’augure rien de bon pour une remise en cause profonde d’un vide programmatique et d’une vision à moyen terme, pour la construction d’un nouveau contrat social et à fortiori de ce que pourrait être une nouvelle politique publique culturelle française et européenne. A titre d’indication l’Europe ne consacre que 12 centimes d’€h/habitants, quand l'île de France en consacre 24 centimes! Sans commentaires.


Le ministère de la culture en 2007, était bien obligé de constater les contradictions de plus en plus évidentes entre sa rhétorique  sur la démocratisation de la culture, (tarte à la crème qui permet de ne pas traiter le sujet sur le fond) et les décisions ou les attitudes des responsables qui ont tendance à ne pas prendre en compte la culture des « gens ordinaires » qui travaillent au quotidien pour la diffusion des œuvres et créer des initiatives originales sur tout le territoire. Malheureusement, ces bénévoles agissent souvent avec des moyens dérisoires. La gauche politique et syndicale dans son ensemble et le Parti Socialiste en particulier à de manière presque inconsciente fragiliser le tissu associatif d’éducation populaire. Les conséquences sont très importantes en termes de présence et de diffusion de nos idées sur « l’émancipation de l’être humain » dans les couches les plus modestes de la société.

Mais de grâce, ne demandons pas aux artistes et aux différents mouvements artistiques de résoudre nos problèmes de perspectives et de projet politique. L’Histoire nous enseigne que les artistes anticipent et accompagnent les mouvements d’émancipations et les processus révolutionnaires. C’est souvent dans ces périodes que se créent les grands courants artistiques. La période ou le monde de la Culture accompagnait et portait une certaine utopie est révolu. Celui-ci essaie depuis le début des années 1990, de façon désordonnée et parfois de manière plus individuelle de comprendre la violence de nos sociétés !

Pour que ceux-ci retrouvent le chemin des utopies, nous devons, nous politique refonder notre projet de société, retisser les liens sociaux avec le milieu populaire (syndicat, associations, le monde de l’éducation, les mutuelles etc.)
Nous devons remettre au centre de notre projet la culture et la création artistique en lien avec le mouvement social. C’est un devoir en tant qu’homme de gauche.

Être de gauche à mon sens, s’est être capable de construire un projet social, politique et culturel.



Quelles alternatives ?

Il serait souhaitable de revisiter ce qui a fait l’originalité de notre système culturel. Il doit redevenir, en tenant compte bien sûr des évolutions de nos sociétés, un creuset de la richesse de notre peuple et de sa capacité à inventer des imaginaires et des formes d’organisations collectives s’appuyant sur des réseaux d’éducation populaire. Il n’est pas question évidement de refaire du neuf avec l’ancien. Non, bien-sûr, mais de s’appuyer sur des structures encore existantes et qui pratiquent envers et contre tout, l’accès à la culture et l’éducation citoyenne. Je pense là bien évidemment à la Ligue de l’enseignement, aux Francas, aux associations de quartiers ou en milieu rural et d’autres qui subissent eux aussi les restrictions drastiques de l’état.
Nous devons aussi retravailler avec le milieu syndical et les comités d’entreprises, pour que ceux-ci retrouvent le chemin de la création artistique sous toutes ses formes.
Je pense que ses vingt dernières années, un cloisonnement s’est opéré presque inconsciemment entre les artistes et le peuple. Il y a aussi le fait que « le spectacle vivant » n’est plus aussi structurant dans la vie culturelle de la nation.

Ce qui vaut pour la classe politique, vaut pour le monde de la culture, il faut retrouver des chemins de traverses et reconquérir le terrain abandonné !
Le ministère de la culture doit retrouver une place prépondérante dans l’organisation politique de notre pays. La suppression du Conseil Supérieur de la Création Artistique est une évidence.


Le monde rural une chance de repenser la décentralisation

Le monde rural et ce qui s’y passe peut devenir une chance pour le Parti de Gauche d’offrir une nouvelle vision des rapports entre l’état (D.R.A.C) et les différents acteurs qui participent au rayonnement et à la production des œuvres dans ce pays.
Car les pratiques culturelles explosent. Les français consomment via les différentes industries culturelles en dehors de toutes institutions la plupart du temps. La réforme de la fiscalité des associations a eu des conséquences plus importantes que le montant des subventions allouées par la rue de Valois ces dernières années.
Nous devons présenter une nouvelle offre culturelle qui ne serait pas imposé par le haut, mais qui au contraire s’appuierait sur des expériences et des acteurs de terrains. Une politique plus modeste, moins étatique et moins fastueuse.
C’est parce que nous serons capables de proposer un projet pour les différents acteurs culturels et les artistes que cette nouvelle politique publique de la culture verra le jour.
Nous devrons renouer avec le monde de l’éducation nationale et de tous ceux qui oeuvrent pour favoriser la citoyenneté à travers des pratiques et des expériences culturelles.
Il faudra redonner aux pratiques amateurs des moyens humains et matériels conséquents.
C’est grâce à un travail en profondeur et qui s’appuiera sur des expériences de terrain que nous pourrons retrouver une crédibilité et une force d’action dans le pays.

Pour une politique publique multimédias

Plutôt que de savoir si la loi Hadopi 1,2 ou 3 était appropriée, la gauche dans son ensemble aurait mieux fait de proposer une véritable alternative au projet liberticide et démagogique de la droite et de Sarkozy en particulier. Faut-il au nom d’une vision libérale, se résigner au téléchargement illégal ou doit-on imaginer une régulation d’Internet qui permette un véritable respect du droit d’auteur et des droits voisins ?
Les problèmes majeurs en l’occurrence sont bien :

Þ     Les droits des auteurs et des artistes
Þ     Ne pas opposer le droit d’auteur aux droits d’accès pour tous vecteurs d’informations, de savoirs et de culture.

Pour préserver les libertés individuelles et pour qu’elles est un sens dans un espace commun et socle de notre démocratie, nous devrons mettre en place un programme très important de pédagogie vis-à-vis de la population et des jeunes en particulier. Nous devons rappeler aux citoyens que le téléchargement illégal met en danger la création et la diversité des œuvres  et de leurs créateurs.

Ce n’est pas une politique du « tout répressif », avec amendes, emprisonnement comme cela avait été envisagé dans un premier temps qui résoudront les problèmes. Par contre, si certains persistaient dans l’illégalité après la création de cette plate forme publique, alors le bridage, des coupures d’accès au réseau seront nécessaires.

Des négociations devront être engager dès le début de la législature pour permettre une meilleure répartition des richesses des industries culturelles entre les producteurs de musique et de l’audiovisuel et les auteurs et les interprètes.
L’exigence de liberté ne peut pas se faire sans règles, sans droits et devoirs au niveau culturel comme dans la société en général.

La « contribution créative » et « licence globale » ne tiennent pas compte du droit moral. Cela aura des conséquences désastreuses pour l’ensemble de l’organisation des médias et plus particulièrement des salles de diffusion cinématographiques et autres lieus de diffusion. Là encore, le choix de la consommation de masse de biens culturels est favorisé fasse à un système qui devra privilégier la valeur et la diversité des œuvres.

Il sera donc demander aux opérateurs et aux fournisseurs d’accès (FAI), une contribution à travers un fonds de soutien national et international d’aide à la création. Il est quand même curieux que ceux qui font des profits considérables grâce à la circulation des œuvres sans limites, participent aussi peu à la rémunération des auteurs et des artistes dans un cadre législatif qui remet en cause le concept du « tout gratuit », car c’est mentir aux citoyens de laisser penser cela. Il y a donc bien un travail pédagogique et culturel à mener sur ces sujets sur celui en particulier de la gratuité et donc d’une meilleure répartition des richesses.

Ces questions devront être porter bien évidement par nos élus dans un cadre Européen et remettre en question ce fameux critère de la « concurrence libre et non faussée ».

Ce qui est en jeu dans cette affaire, c’est de maintenir et d’élargir les capacités aux différents créateurs d’offrir aux différents publics un large choix de qualité.



Un nouveau ministère, une nouvelle organisation du territoire


1.   Création d’un ministère de la culture et de l’éducation populaire et citoyenne.

2.   Nomination d’un ministre de la culture et de l’éducation populaire et citoyenne, avec rang de ministre d’état.

3.   Réorganisation complète des services du ministère et des Drac.

4.   Plan de réorganisations des médias audiovisuel publics et privés, ainsi qu’un grand débat public décentralisé sur le multimédia.


Les premières mesures à prendre :

  1. l’élaboration d’une loi d’orientation et de programmation nationale, avec un volet sur la décentralisation, pour les Arts et la Culture
  2. la suppression du Conseil Supérieur de la Création Artistique
  3. la mise en œuvre d’un plan de relance à hauteur de 400 millions d’Euros
  4. Objectif indexation des subventions sur le PIB dont la part de ces activités représente  3.5%. Atteindre ce chiffre sur la législature
  5. Relance des partenariats avec l’éducation Nationale et les milieux associatifs, syndicaux, mutuelles, etc.
  6. Mise en place d’une politique favorisant les pratiques amateurs en lien avec les professionnels de la culture.
Politique vis-à-vis du multimédia
  1. Abrogation de la loi Hadopi, avec mise en œuvre d’une politique publique lié à internet et de la pérennité des droits des auteurs et des artistes.
8.     Création d’une plate forme publique de téléchargement légale afin de permettre un accès aux œuvres, abordables pour le public et qui garanti les droits des auteurs et des artistes.
9.     Propositions de mise à contribution des opérateurs et des fournisseurs d’accès internet.

Politique vis-à-vis de l’audiovisuel et de la presse

  1. Lancement d’Etats Généraux sur la refondation de notre système audiovisuel et du secteur de la presse.






CONCLUSION

La période que nous traversons nous commande de nous dépasser collectivement comme nous le faisons avec notre nouveau parti. Mais ce dépassement doit nous amener personnellement à changer nos pratiques et bien sûr nos modes de pensées.

[MSOffice1] La période de bouleversement et de crise globale du système capitaliste qui engendre des crises sociales, écologiques et crée des tensions qui sont source de confusions et de désordres. « Cette nouvelle dimension idéologique et culturelle de la bataille contre la domination du capital est essentielle. Le néolibéralisme répand une culture perverse de la « responsabilité individuelle , qui vise à présenter les pauvres et les chômeurs comme responsables de leur situation. De la même manière le capitalisme a changé profondément le travail, ce qui à modifié et remodeler les identités sociales. Il y a une volonté de nier l’identité ouvrière. Et au-delà de cette négation de l’identité ouvrière c’est la volonté de faire comme si le peuple populaire n’existait plus. Hors la France compte 6 millions d’ouvriers et 7,5 millions de salariés, ce qui constituent la majorité de la population active ». (extraits doc Lignes d’horizons PG)

Il est primordial que la dimension culturelle de notre projet fasse donc parti de la colonne vertébrale du Parti de Gauche.

La culture et l’éducation populaire et citoyenne font parties des béquilles essentielles pour une république sociale.



Jean-louis Boutevin.
Ancien membre de la commission culture en charge du spectacle vivant.
Ancien membre du comité de la 1ère circonscription de Mont de Marsan.





 [MSOffice1]J’ai utilisé des phrases entières du doc « lignes d’horizon ». C’est pourquoi elles sont en entre guillemets

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Travail trés intérressant qui pourrait servir de base de travail pour élaborer une véritable politique publique de la culture.