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mardi 16 août 2011

Pierre Villepreux, au révélateur Sud-Africain

Le show néo-zélandais...
Billet publié sur Rugbyrama.
10/08/2011 - 17:01

J'ai trouvé cette analyse à l'aune de la future coupe du Monde de rugby et les interrogations que chacun d'entre-nous se posent sur les capacités des "Bleus" à enfin proposer un spectacle plus enthousiasmant. Car pour l'instant les discours affichés par le sélectionneur, ont à se concrétiser.
L'analyse, toujours juste et brillante, de Mr. Villepreux, pointe les enjeux futurs qui doivent nous permettre enfin de retrouver un peu de "folie" et d'inventivité qui semble fuir le pré depuis trop longtemps.
JLB.


Au révélateur sud-africain


On sait que les commentaires concernant le jeu gagnant de cette prochaine Coupe du monde sont logiquement exposés à l’erreur. Mais personnellement, si j’émets quelques avis, c’est essentiellement que les analyses que je fais répondent à l’idée que je me fais du rugby et au fil du temps, de sa continuelle évolution. Mais également et tout en même temps, que les résultats réalisés par les équipes à qui j’accorde le plus de chances confirment globalement la validité du jeu que j’affectionne. En ce sens choisir les Néo-Zélandais et les Australiens, ce n’est pas, peut-on me rétorquer, prendre un très grand risque. C’est vrai, mais l’histoire des Coupes du monde au travers des résultats et de la manière employée pour les gagner a montré que le jeu des meilleurs a été souvent mis au pas par les présumés moins bons.


Les résultats forment l’opinion. La suprématie du jeu de ces deux équipes sudistes nous semblent aujourd’hui pour tous inaccessibles. Mais pour que ce jeu et le spectacle qu’il génère provoque une obligation d’évoluer, il conviendra d’abord qu’il s’impose sans mollir dans la manière et les formes prochainement en Nouvelle-Zélande. Alors, et seulement si c’est le cas, l’opinion sera mobilisée. Il s’imposera alors une réflexion particulièrement pour les nations européennes sur le comment accéder à ce type de jeu et de joueurs, non pas en analysant un par un nos manques et défaillances tactiques et techniques et en conséquence physiques et mentales, mais bien par la remise en cause de la formation du joueur dans une continuité de formation cohérente du débutant jusqu’au plus haut niveau avec les compétitions adaptées.

Je dis cela d’autant que la démarche d’enseignement franco-française est tout à fait à même de répondre aux objectifs recherchés à condition de ne pas dénaturer l’esprit du jeu, celui d’un sport qui a des exigences à la fois pour le joueur et pour le collectif. Exigences qui privilégient d’abord la dimension tactique et technique avant l’amélioration du potentiel physique. Serge Blanco l’a très bien évoqué dans le Mag du Midol. Je parle, pour le joueur, dans une continuité de formation, de cette accession à la compréhension en jeu, au mode prédictif et créatif. Formation qui justement conduit le joueur et le collectif à s’adapter à ce qui se passe, à agir et réagir toujours mieux et plus vite à ce qui n’est pas prévu et que l’on ne doit pas subir, mais aussi, en même temps, en rendant plus malaisée l’activité défensive de l’adversaire, seule façon de se construire aussi des certitudes quant au jeu à réaliser en pleine action et en plein mouvement.

C’est cette formation à la lecture du jeu dans le cadre de l’acquisition de références communes qui permettra de toujours mieux rassembler l’indispensable liberté d’initiative et la non moins indispensable organisation collective qui se veut rassurante et certainement rassure mais quand elle est trop grande, c’est souvent le cas dans l’hémisphère nord, limite la liberté d’expression, d’initiative donc d’action.

C’est à ce niveau qu’Australiens et Néo-Zélandais me semblent exprimer une disponibilité supérieure et les résultats acquis les poussent à aller toujours plus loin en tentant quelquefois l’impossible là où justement le Nord s’engage dans un jeu sécuritaire. Leur capacité à jouer plus vite, à surgir là où il faut, n’est pas née par hasard. La vitesse de la tête précède celle des jambes.

Si un premier principe existe pour accéder à ce jeu, c’est bien celui du «droit à l’erreur» ce qui demande de la flexibilité de la part du staff technique puisque, le plus de jeu demandé, passera au départ forcement par plus de fautes.

En ce sens, la défaite concédée par les Australiens contre les Néo-Zélandais ne me semble pas significative ni aussi évidente que l’indique le score. Les wallabies ne méritaient certes pas de gagner mais le jeu qu’ils ont produit a quand même mis leurs adversaires pas mal de fois dans l’embarras. Il aurait suffi de concrétiser les actions de jeu développées pour rester davantage dans le match surtout si l’on accepte que le troisième essai des Blacks n’est pas significatif de leur supériorité mais relève d’un manque de vigilance de leurs adversaires. Rare à ce niveau surtout que cet essai est consécutif à un temps de jeu fort des Wallabies qui leur avait permis de revenir dans le match efficacement après avoir pendant une mi-temps subi à la fois le jeu défensif des Blacks (impressionnant de maitrise face aux initiatives adverses) et offensif montrant leur formidable potentiel tous postes confondus en matière de suppléance (polyvalence )

Ces Tri-Nations sont une bonne préparation pour ces deux équipes à la Coupe du monde. Les prochains matchs qu’ils vont disputer sur les terres des Sud-Africains - enfin cette fois avec leur meilleure équipe - vont leur créer d’autres problèmes et peut être remettre en cause leur concept tactique. Intéressant à voir car il s’agira de dompter plus la puissance adverse que sa créativité

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